De nombreux spécialistes s’alarment d’un temps de consommation d’écran toujours plus élevé alors que les effets en sont potentiellement négatifs pour la santé des moins de 3 ans.
À l’occasion des fêtes de fin d’année, un invité encombrant s’est parfois glissé au cœur des réveillons en famille : le téléphone portable. Impossible d’en laisser traîner un quelques minutes sans qu’une ribambelle d’enfants s’en empare pour jouer ou regarder des vidéos en ligne. Y compris les plus jeunes.
Au-delà des seuls téléphones, les écrans grignotent de plus en plus de temps, même dans la vie des tout-petits, comme le soulignaient déjà les administrations de la santé et de l’éducation nationale en 2013. Selon cette étude conjointe (Dress-Cnesco), 83,4 % des élèves de grande section de maternelle passent plus d’une heure par jour devant un écran les jours de classe. Pourtant, il n’y a aucune certitude que cette pratique ne soit pas nocive pour les jeunes cerveaux, s’inquiètent certains spécialistes.
Principe de précaution
Dans son dernier rapport annuel remis le 20 novembre dernier, le Défenseur des droits a donc tiré la sonnette d’alarme, demandant au gouvernement de lancer des travaux indépendants sur la question. Et, en attente des futures conclusions, Jacques Toubon demandait d’interdire purement et simplement des écrans pour les moins de 3 ans au nom du principe de précaution. De son côté, le CSA prône aussi le « zéro écran avant 3 ans ».
« Évaluer la dangerosité des écrans pour les plus jeunes est néanmoins très complexe », prévient Edouard Gentaz, directeur de recherches au CNRS. En effet les chercheurs se heurtent tout d’abord à des obstacles méthodologiques. « Pour établir avec certitude les dommages engendrés par les écrans sur les enfants, il faudrait pouvoir exposer un panel de bébés pendant 2, 4 ou 8 heures par jour à un écran afin d’évaluer avec précisions les impacts, puis comparer les comportements des différents groupes tests. Ou alors filmer en permanence des familles pour voir exactement ce qui s’y passe. Or bien évidemment, nous ne pouvons pas procéder ainsi. Nous nous contentons des observations relayées par les professionnels de santé, des crèches et des parents. Ceci qui est moins fiable sur un plan scientifique. »