Autres substances
Les autres substances regroupent toutes les drogues autres que l'alcool, le tabac et le cannabis : les médicaments, la cocaïne, l'héroïne, la LSD, etc.
Elles ont des effets et conséquences diverses. Ayant leur cerveau en développement, leurs systèmes dopaminergiques des jeunes sont particulièrement vulnérables aux perturbations externes (comme les substances), avec des conséquences à long terme sur le comportement et pathologies. Ce système est plus ciblé par les stimulants (cocaïne, ecstasy...).
La cocaïne est un stimulant et est extraite des feuilles du cocaïer.
Le plus souvent, elle se présente sous la forme d’une poudre blanche (sniffée avec une paille). Elle peut se présenter également sous forme de blocs de poudre compressée ou de pâte (jaune brune qui, mélangée à du tabac, est fumée). Les feuilles de coca sont chiquées.
Les effets :
- Exaltation (énergie++), hyperactivité, agitation et langage précipité
- Stimulation des performances physiques et intellectuelles (et parfois mauvaise coordination des mouvements)
- Assurance et estime de soi accrue (voire mégalomanie)
- Sensation de chaleur
- Insensibilité à la fatigue, douleur et faim
- Impression que la vigilance est augmentée et illusions sensorielles
- Activation forte du système de récompense dopaminergique chez l’adolescent (Spear 2011).
- Contraction des vaisseaux sanguins et donc augmentation de la pression artérielle
- Maux de tête parfois violents, parfois fièvre et convulsions
- Idées paranoïaques
Durée : quand elle est sniffée, la cocaïne passe dans le sang rapidement (3 à 5 minutes). Les effets sont au maximum après 20 minutes et durent 1h. En revanche, quand elle est avalée (voie orale), la cocaïne passe dans le sang au bout de 30 minutes, puis les effets max surviennent au bout d’1h.
Dépistage :
Cette substance est dépistable à quelques heures dans le sang et de 2 à 4 jours dans les urines (voire une semaine ou deux si usage intensif sur plusieurs moins).
Risques :
- Exposition à des complications cardiovasculaires [infarctus du myocarde, troubles du rythme et de la conduction cardiaque (Phillips et al. 2009)] ou neurologiques (accidents vasculaires cérébraux ou hémorragie) (Buttner 2012) qui peuvent être graves, avec des conséquences parfois mortelles, même dès la première prise du produit.
- Convulsions avec vomissements ; crise d’épilepsie
- Complications psychiatriques : troubles dépressifs, anxieux, épisodes psychotiques aigus, hallucinations, délire paranoïde (réactivité excessive dont au bruit), attaque de panique…
- Règles pénibles voire disparition des menstruations (si usage régulier)
- Surdose
- Décès par arrêt cardiaque, respiratoire ou par hémorragie cérébrale.
- La dépendance est forte, car les effets sont de faible durée et entrainent un état dépressif. De plus, la tolérance est importante (besoin d’en prendre de plus en plus pour obtenir les effets désirés).
CRACK : Si l’on fait sécher la cocaïne mélangée avec du bicarbonate de soude et/ou de l’ammoniaque, elle se transforme en cristaux = cela s’appelle du crack (ou « cailloux »). Ce produit se fume ou s’inhale.
L’héroïne est un opiacé synthétisé à partir de la morphine extraite du pavot.
Elle se présente le plus souvent sous forme de poudre (dans les tons blancs à bruns).
Elle est généralement injectée par voie intraveineuse (dans une seringue après avoir placé un filtre appelé coton) = c’est le « fix » ou le « shoot« . S’il est injecté avec de la cocaïne, cela s’appelle un « speedball« . D’autres modes de consommation sont également possibles (fumé, sniffé, etc.)
Les effets :
- Sensation immédiate = « rush » où détente, mieux-être
- Antidouleur
- Impression de chaleur
- Nausées et vomissements
- Constipation et démangeaisons
- Bouche et nez secs
- Rythme cardiaque ralenti
- Sensation de faim diminuée
- Etat de somnolence (à forte dose).
Durée des effets : 4 à 6 heures (pour la brune) voire 8 à 12h (pour la blanche).
Dépistage : il peut être fait dans les 24h dans le sang, dans les 24 à 48h dans les urines et moins de 12h dans la salive.
Risques :
S’il y a consommation régulière, des effets délétères surgissent : absence de règles (ou très douloureuses), perturbation du sommeil, problèmes dentaires (caries et déchaussement), malnutrition et carences, fragilisation des os.
L’injection peut entrainer des infections de la peau, des œdèmes, des réactions allergiques, des infections pulmonaires et un risque de transmission du VIH et hépatites B et C.
De plus, le risque de surdose est important.
Enfin, la tolérance est très rapide (dès quelques jours voire semaines). Ainsi, une forte dépendance s’installe rapidement, avec un syndrome de manque quand l’usager s’arrête. Cette tolérance et dépendance, associée au prix élevé de l’héroïne peut entrainer l’usager dans une marginalisation sociale.
Le LSD (diéthylamide de l’acide lysergique) est un hallucinogène issu d’un champignon.
Il se présente le plus souvent sous la forme de petits morceaux de papier buvard, illustrés de dessin, imprégnés de la substance. Parfois, il se présente sous la forme d’une sorte de mine de crayon (dite « micropointe »). Il est ainsi très généralement ingéré (sucé, mâché, avalé, diffusé sous la langue).
Les effets :
- Hallucinations
- Voyage intérieur et introspection
- Intensification des perceptions sensorielles (couleurs plus vives, sons plus intenses et nuancés, sensibilité tactile diminuée, odeurs exacerbées) et spatiotemporelles (notion du temps n’est plus la même, les distances sont modifiées)
- Augmentation du rythme cardiaque
- Engourdissements, fourmillements et tremblements
- (1h après la prise) : dilatation des pupilles, vertiges, bouche sèche, sueurs et/ou sensations de froid, nausées et vomissements.
Durée des effets : 30 à 60 minutes après la prise. Leur maximum est au bout de 2h. Les effets cessent après 6h.
Dépistage : Il peut être dépisté à quelques heures dans la sang, et pendant 1 à 2 jours dans les urines.
Risques :
Le principal est le « bad trip », qui peut toucher tout le monde, mais plus particulièrement les personnes anxieuses et/ou dépressives. Cela se manifeste par une perte du contrôle de ses émotions et de soi et une angoisse intense. Il est donc important de ne pas en consommer quand on est seul.
Le second est le « flash back« , où des semaines (voire des mois) après l’ingestion, des effets peuvent survenir de façon imprévisible (hallucinations par exemple).
Il y a peu de risque de dépendance car le LSD est principalement consommée pour une expérience ponctuelle. Néanmoins, une tolérance peut s’installer et pousser le consommateur à augmenter les doses dans le but de ressentir les mêmes effets que ses prises précédentes.
La MDMA (méthyl-dioxy-méthyl-amphetamine) est un stimulant, qui agit sur les systèmes sérotoninergiques, dopaminergiques et adrénergiques.
Sous la forme de comprimés de couleurs incrustés d’un petit motif ou logo, cela s’appelle l' »ecstasy » (la MDMA est donc le principe actif de cette substance). Elle peut être consommée également sous la forme de cristaux (souvent réduits en poudre ; c’est son état brut), dans une gélule ou dans du papier cigarette (dit « parachute » ou « para »), ou diluée dans une boisson.
Contrairement à la cocaïne ou l’héroïne, elle se sniffe/s’injecte peu.
Elle a commencé à se développer chez les jeunes vers la fin des années 1980 (avec le début de la techno). Elle est donc associée au monde de la fête et a des buts de transcendance. Elles semblent être caractéristiques d’une vie étudiante et/ou active liée à une vie festive intense. En effet, chez les 17 ans (lycée), l’expérimentation est à un niveau plus bas (3,8%).
Elle est plus présente chez les jeunes : 7% des 18-25 ans (en 2015) en ont consommé une fois dans leur vie, contre 4,3% des 18-64 ans.
Les effets :
- Énergisant et diminution des sensations de fatigue
- Augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle (+ palpitations)
- Sentiment de calme, d’empathie : impression de pouvoir communiquer facilement avec les autres, notamment par le non-verbal
- Bien-être corporel (effet entactogène)
- Bouffée de chaleur et transpiration
- Diminution de la densité des neurones sérotoninergiques (cible principale de cette substance) et de la densité des transporteurs de ce neurotransmetteur dans l’hippocampe et le cortex cérébral (Kish et al. 2010 ; McCann et al. 1998). C’est l’une des hypothèses de la diminution des capacités de mémorisation chez les usagers réguliers de MDMA (McCann et al. 2008)
- Bouche sèche et maux de tête
- Tensions ou douleurs musculaires (dont la mâchoire)
- Problèmes de vision (dilatation des pupilles, tendance à loucher)
- Problèmes urinaires (rétention ou besoin pressant)
- Nausées et vomissements
Durée des effets : 2 à 3h (les premiers effets sont ressentis 30 min après la prise). La phase de descente dure 1 à 2h. Des effets indésirables peuvent durer jusqu’à 2 jours !
Dépistage : l’ecstasy est détectable entre 2 à 4 jours, que ce soit dans le sang ou les urines.
Risques :
- Vertiges et perte d’équilibre, qui peuvent amener à des accidents, chutes…
- Hyperthermie (forte élévation de la température du corps) et déshydratation
- Hépatite aiguë, car toxique pour le foie
- Arrêt cardiaque
- Crise de panique ou de paranoïa, dépression et anxiété renforcée par une fatigue intense.
- Troubles de la mémoire, de la concentration et du sommeil (insomnie)
- Phénomène de tolérance (augmenter les doses pour avoir le même effet)
- Surdosage (qui peut entrainer coma voire décès).
La France est un des pays les plus consommateurs de médicaments psychotropes (sur ordonnance), notamment chez les jeunes.
Les frontières sont minces entre la consommation thérapeutique et celle récréative (que ce soit dans le cadre d’une conduite addictive, dopante ou d’expérimentation).
Utiliser les médicaments pour les effets est peu répandu chez les adolescents ; néanmoins, 10% des jeunes scolarisés à 16 ans disent avoir déjà consommés au moins une fois un tranquillisant ou un somnifère sans ordonnance. A l’échelle de l’Europe, ce niveau d’expérimentation est parmi les plus élevé (moyenne européenne : 6%).
En moyenne, le premier usage de médicament se fait vers 14 ans. De plus, plus d’un tiers disent n’avoir pas ou peu de difficultés à s’en procurer (36%). Selon les données Escapad (2014), 15,8% des adolescents de 17 ans ont déclaré avoir eu recours à des tranquillisants, et 12,6% à des somnifères. Ces chiffres sont en augmentation par rapport à 2011.
L’entrée dans cette consommation peut être induite par une forme de :
- Automédication (détourner une prescription par exemple ou prendre dans la boite des parents),
- Addiction
- Émancipation vis à vis d’une autorité
Les motivations liées à cette consommation sont (Langlois et Milhet, 2016 ; Milhet, 2015) :
- La curiosité, quête de nouvelles expériences (dont sensorielles)
- La fête et le plaisir
- L’automédication (lutter contre des angoisses et stress)
- La réussite scolaire (des stimulants pour renforcer l’attention)
La consommation de médicaments n’inquiète pas forcément, contrairement aux consommations de drogues illégales. Une des raisons est que les médicaments sont issus de laboratoire pharmaceutique donc ont subi de multiples tests et leurs effets indésirables sont notés dans la notice. Une autre raison est que les médicaments font parties de la vie quotidienne : c’est banalisé dans notre société. Ainsi, l’usage détourné de ces médicaments est pensé comme un usage sans risque et non dommageable.
Il est important également de savoir que l’usage récréatif et festif de ces produits prennent souvent place dans des polyconsommations (avec alcool, cannabis, etc.)
Plus plus de précisions, sur plus de drogues, nous vous invitons à consulter Le dico des drogues.
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