Alcool
La substance psychoactive la plus consommée et la plus ancienne au monde.
Obtenu par par fermentation de fruits comme la pomme (cidre), le houblon (bière), le raisin (vin) ou par distillation de malt (whisky), de pomme de terre ou de blé (vodka) ou de raison (cognac).
La dénomination chimique de l’alcool est l’alcool éthylique ou éthanol.
L’alcool ralentit le système nerveux central. Cela signifie que toutes les réactions deviennent plus lentes sous l’effet de l’alcool de façon incontrôlée. L’alcool influe sur le psychisme et l’esprit, nos émotions, nos pensées et notre perception.
L’alcool atteint tous les organes du corps via le sang. Quelque 90 % de l’alcool consommé arrivent au cerveau.
30 à 60 minutes après avoir été consommé, le taux d’alcool dans le sang atteint sa concentration maximale. Le taux d’alcoolémie précis dépend de :
la quantité d’alcool absorbée,
la vitesse d’absorption : plus on boit en grande quantité et en peu de temps, plus les risques augmentent.
l’alimentation : si l’on boit sans manger, les effets et risques augmentent davantage !
du poids corporel,
du sexe
la vitesse de dégradation de l’alcool qui est différente d’un individu à l’autre.
Le taux d’alcool dans le sang (alcoolémie) est exprimé en « pour mille ». Un pour mille signifie qu’un litre de sang contient un millilitre d’alcool pur. Seul le temps permet de faire baisser ce taux : il commence à baisser 1h après le dernier verre (voire plus pour les femmes), et il faut 1h30 pour évacuer un verre d’alcool environ. Après une soirée bien arrosée, on a encore de l’alcool dans le sang le lendemain.
L’effet de l’alcool se produit en « deux stades » :
une réaction immédiate agréable, relativement prononcée et qui ne dure pas très longtemps (un sentiment de relaxation, d’apaisement, de désinhibition ou une impression comparable).
une réaction désagréable apparaît lentement, pas très prononcée mais de longue durée, telle que nervosité, mauvaise humeur, manque d’énergie ou somnolence. Une nouvelle consommation d’alcool peut mettre un terme à cet effet désagréable ou même le remplacer par un effet agréable. Ceci implique un risque de consommation d’alcool accrue de plus en plus fréquente.
Une consommation d’alcool chronique, régulière, ou des alcoolisations ponctuelles importantes (API) intensives peuvent provoquer une accoutumance physique et psychique graves.
A « petite dose » (un ou deux verres) : la personne se sent généralement relax, enjouée et/ou excitée. Les battements du cœur s’accélèrent, tout comme la respiration. Dans de nombreux cas, la personne se sent plus sociable et plus encline à établir des contacts avec les autres (désinhibition).
Une consommation plus importante peut avoir comme conséquence que la personne ne maîtrise plus la situation, évalue mal les risques et s’angoisse. Elle pourrait réagir de façon impulsive et faire des choses qu’elle regretterait par la suite.
Après une consommation plus importante encore (taux d’alcoolémie de 1,3 – 3 pour mille), la personne est à peine capable de coordonner ses mouvements, elle titube et son pouvoir de concentration est limité. Souvent, elle voit tout en double et parle de manière peu claire. En outre, bon nombre de personnes ont des nausées (voire vomissements).
A partir de 3 pour mille, une diminution ou une augmentation excessive de la température se produit ou encore un sommeil profond survient ; à partir de 4 pour mille, il y a un risque de coma (éthylique) ou de décès.
Lorsque la personne a trop bu (la quantité diffère d’une personne à l’autre), le lendemain, elle se sent faible et a des nausées. Elle souffre généralement de maux de tête et d’estomac. Elle peut aussi ne plus du tout se souvenir ce qu’elle aura fait la veille, ni avec qui (trous noirs, pertes de mémoire).
Pourquoi ces effets ?
L’alcool ou éthanol est une toute petite molécule. Ainsi, elle n’a aucune difficulté à se diffuser à partir du tube digestif vers l’ensemble des cellules de l’organisme, dont le cerveau et les poumons (d’où l’utilisation d’éthylotest). L’alcool n’est pas digéré mais passe directement du tube digestif aux vaisseaux sanguins ! Certes le foie élimine à peu près 90% de l’alcool dans le sang, mais plus il y a de l’alcool, moins le foie peut l’éliminer. De plus, plus on consomme de l’alcool dans la durée, moins le foie est efficace.
Pourquoi ils varient ?
Nous ne sommes pas égaux face à l’alcool. Nous réagissons différemment selon sa corpulence, son état de santé physique et psychique, selon le moment de la consommation et selon son sexe. Et oui, les femmes « tiennent » généralement moins l’alcool car elles sont en général plus petites et moins corpulentes (et moins musclées). De plus elles contiennent plus de graisses. Or l’alcool se dilue dans l’eau et non dans la graisse donc l’alcool se répartir dans un volume plus faible chez les femmes. Chez les hommes, il y plus de masse musculaire, donc un volume sanguin plus élevé. De plus, la dégradation de l’alcool par le foie est plus lente chez la femme (moins d’enzymes hépatiques).
La plupart des accidents sont causés par l’alcool (car les réflexes et la vigilance sont amoindris) : les accidents de voiture, les accidents ménagers, les comportements destructeurs ainsi que les suicides sont très souvent le résultat d’un abus d’alcool.
L’alcool désinhibe aussi le comportement avec, par exemple l’apparition d’une certaine agressivité ou un comportement sexuel osé. Il convient de noter que souvent, les viols sont commis sous l’influence de l’alcool. 62% des délinquants violents avaient consommé de l’alcool juste avant ou pendant leur délit. Lire « L’alcool rend-il violent ? » de Laurent Bègue.
Une consommation régulière d’alcool entraîne une diminution des capacités, de la concentration et des facultés cognitives. Une destruction des cellules cérébrales est observée chez les personnes buvant beaucoup. Plus la consommation quotidienne augmente, plus les lésions s’aggravent.
Les consommateurs réguliers développent une « tolérance » à l’alcool. Cela signifie que le corps a besoin d’une quantité d’alcool supérieure pour ressentir le même effet de relaxation, mais simultanément, le corps pâtit énormément de ces quantités importantes (même si vous n’en ressentez pas les symptômes).
Une personne ivre risque de faire ou de dire des choses dont elle n’aura aucun souvenir le lendemain. Etre le seul à ne pas se souvenir de ce qui s’est passé la veille risque d’être quelque peu gênant.
L’alcool fait grossir : un verre de bière contient 100 kilocalories. Les alcopops en contiennent 146.
L’alcool est nocif pour le cœur et le foie et influence la tension. Les personnes atteintes de certaines maladies devraient dès lors renoncer à en consommer.
Une consommation d’alcool mélangé à d’autres substances est excessivement dangereuse. Combiner alcool et tranquillisants comme, par exemple des somnifères ou relaxants, accroît le risque de perte de conscience, de collapsus ou d’arrêt respiratoire pouvant entraîner la mort.
Une consommation d’alcool mélangée à des boissons énergisantes (Red Bull, Burn, Monster, …) est aussi dangereuse : la perception de l’ivresse est moins ressentie et des prises de risques sont fréquentes. Lire “Boissons énergisantes en milieu étudiant : le produit, les raisons d’en consommer, leur association avec l’alcool” de Philippe Arvers.
L’alcool chez les jeunes
La consommation d’alcool chez les jeunes se fait principalement le week-end ou lors d’un évènement particulier (59% des cas).
La consommation peut avoir lieu avec des amis (85%), avec les parents (31%). Une consommaton solitaire, et donc pas forcément adaptée est rare (2%). 30% des jeunes de 17 ans disent boire chez leurs parents (le plus souvent ils sont présents) et 30% dans un lieu public payant (alors qu’ils n’ont pas le droit normalement !). Seulement 15% des consommations se font dans un lieu public ouvert (alors que c’est interdit).
Le vin est la boisson la plus consommée dans la population française (60%), même s’il devient de plus en plus festif et de moins en moins quotidien. Cependant, le vin n’est pas la boisson favorite des jeunes (15 – 25 ans) : c’est la bière et les alcools forts. Il y a également les « prémix » : mélanges d’alcool fort et jus/sodas très sucrés qui masquent presque le goût de l’alcool. Les alcooliers ont développé ces nouveaux produits pour attirés les jeunes, surtout les filles. Plus récemment, la consommation associée de boissons énergisantes (Red Bull, Monster, Burn, …) lors de soirées sponsorisées par des grandes marques d’alcools forts présente un réel danger pour les jeunes : ivresse non ou peu ressentie, et nombreuses prises de risques, comme des rapports sexuels non protégés voire non consentis.
Les jeunes sont plus sensibles aux effets positifs tels que la désinhibition et la facilitation des interactions.
Les jeunes consomment rarement tous les jours de l’alcool, contrairement aux adultes. Cependant, certains boivent de temps en temps beaucoup. Le terme anglo-saxon « binge-drinking » est assez récent, même s’il décrit un phénomène ancien : c’est une alcoolisation ponctuelle importante (API) dans un temps très court, avec une recherche d’ivresse. Depuis une dizaine d’année, les jeunes ont changé leur mode de consommation : il y a une augmentation des ivresses chez les jeunes français de 15 à 25 ans. Ils sont passés de 33% (2005) à 46% (2014) à avoir été ivre au moins une fois dans l’année, et de 15% à 29% au moins trois fois ! L’écart des chiffres entre les garçons et les filles tendent à se réduire.
L’intoxication massive a des effets néfastes neurotoxiques plus prononcés chez l’adolescent, ce qui traduit une grande interférance avec les capacités d’apprentissage et de mémorisation. Des API affectent la neurogénèse (apparition de nouveaux neurones) et entrainent des atteintes morphologiques et fonctionnelles du cerveau. Leur cerveau fonctionne moins efficacement et plus lentement. L’abus d’alcool à l’adolescence aurait une incidence négative sur le niveau d’études atteint plus tard. Ces effets sont plus importants chez les filles.Il existe une plus grande vulnérabilité à l’addiction à l’alcool chez des sujets adultes ayant consommé massivement et de façon répétée à l’adolescent et pré-adolescence. De plus, plus on boit jeune, plus l’alcool est toxique, surtout au niveau neurologique. La précocité de consommation est donc un facteur de vulnérabilité, non spécifique à l’alcool. En effet, les API entrainent des troubles dans les capacités d’apprentissage et dans le développement cérébral. Elles sont à l’origine d’une dépendance à l’alcool, qui sera d’abord psychologique avant de devenir physique.
L’alcool est souvent consommé avec d’autres substances psychoactives, comme le tabac ou le cannabis. Ainsi, l’association tabac-cannabis est retrouvée parmi 13,2% des 18-25 ans. En 2014, la polyconsommation régulière d’alcool-tabac-cannabis concerne 12,8% des jeunes de 17 ans.
Dans les consultations jeunes consommateurs (CJC), en plus de la consommation de tabac et de cannabis, 10% aussi sont des buveurs réguliers d’alcool et près d’un quart (22%) déclare au moins trois API dans le dernier mois.
Le saviez-vous ?
Le pays qui consomme le plus d’alcool est le Vatican avec 70 litres d’alcool pur (ou éthanol) par an et par habitant (principalement du vin)! La France reste parmi les 5 pays d’Europe les plus consommateurs avec ses 11,8 litres (selon l’OCDE). Depuis 1960, ce chiffre a été divisé par deux, en raison de la diminution de consommation de vin au cours des repas !
En 2010, il y avait 3.8 millions de consommateurs de 18 à 75 ans considérés comme à risque chronique (au sens du test Audit-C, conçu pour repérer une consommation d’alcool à risque).
70% des collégiens (59% des 6° et 83% des 3°) ont déjà bu de l’alcool au moins une fois dans leur vie. Mais seulement 16.6% des collégiens ont connu au moins une ivresse alcoolique au cours de leur vie.
En 2011, en France, 49 000 décès liés à la consommation d’alcool parmi les plus de 15 ans (dans 75% des cas ce sont des hommes), que ce soit par accident de voiture (l’alcool est responsable d’un accident mortel sur trois), complications hépatiques, cardiovasculaires ou neuropsychiatriques, par cancer.
Bien supporter l’alcool ne veut pas dire qu’il ne nuit pas à la santé. L’organisme en souffre tout autant, même si on en perçoit moins les effets.
Dans les bars, chaque verre possède normalement la même dose d’alcool pur, soit 10 g : dans le sang, cela correspond à une alcoolémie de 0,20 g/l de sang ‘pour un homme de 70 Kg et mesurant 1m70).
Les autres contenants (cannettes de bière, bouteilles de vin et d’alcools forts), avec les équivalents en unités d’alcool :
Bibliographie
Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Rapport national à l’OEDT – 2016.
Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé. Drogues et conduites addictives. Comprendre, savoir, aider. Inpes édition, décembre 2014 : 224 p.
Observatoire français des drogues et des toxicomanies, Direction centrale du service national. Enquêtes sur la santé et les consommations de produits licites ou illicites lors de la journée Défense et Citoyenneté (ESCAPAD). Editions 2014.
Spilka, S. et al., « Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2014 ». OFDT, Tendances n°100, Mai 2015 : 8 p.
Inserm. Conduites addictives chez les adolescents. Usages, prévention et accompagnement. Expertise Collective, avril 2014 : 482, p.
Institut de Veille Sanitaire. Dans Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire. L’alcool, toujours un facteur de risque majeur pour la santé en France. mai 2013, n° 16-17-18
Haut Conseil de la Santé Publique, « Alcool et santé », Actualité et dossier en santé publique (ADSP) n°90, 2015 : 63 p.
Santé Publique France – INPES. Livret « Alcool : pour faire le point » 20 p.
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