C’est à partir de 2010 que le harcèlement scolaire a vraiment été reconnu en France. Depuis, si des actions de prévention commencent à porter leurs fruits, certains jeunes restent très exposés.
Douloureusement remis sur le devant de la scène avec le décès d’Alisha, 14 ans, victime de persécutions de la part de camarades de lycée et retrouvée morte noyée à Argenteuil, en banlieue parisienne, en mars 2021, le harcèlement scolaire est une préoccupation majeure pour l’école. Au-delà des cas les plus graves, on estime qu’un élève sur dix a déjà été confronté à des brimades et violences exercées par des pairs dans le cadre scolaire.
La lutte contre ce phénomène implique de repérer et suivre les victimes, mais suppose aussi une prise en compte des agresseurs, comme le montre le récent suicide par défenestration d’un collégien de 11 ans accusé de harcèlement dans son collège.
En France, le sujet a longtemps été tabou, et englobé dans la question plus large des violences scolaires, comme l’expliquait en 2018 Bérengère Stassin sur The Conversation. Désormais, le phénomène est bien identifié et inquiète désormais toute notre société : 85 % des parents d’élèves sont inquiets à l’idée que leur enfant soit victime de harcèlement entre pairs à l’école et 93 % des 2000 répondants à un récent sondage de l’IFOP sur le sujet considèrent que le phénomène n’est pas appréhendé à sa juste mesure par les pouvoirs publics.
Comment la prise de conscience et les réponses publiques se sont-elles construites ? Retour sur quelques étapes essentielles.
par Emmanuelle Godeau
Enseignante chercheuse – Responsable de la filière des médecins de l’éducation nationale – Membre du CERPOP (UMR1295, Inserm -UPS, Toulouse), École des hautes études en santé publique (EHESP)
Source : Harcèlement scolaire : vers une meilleure prise de conscience ?