Alors que l’amélioration des « compétences psychosociales » devient un objectif central des programmes d’éducation en santé ou de promotion de la santé, Fil Santé # vous invite à explorer ce concept. Après une première partie consacrée à l’émergence et au contenu de cette notion (ci-dessous), nous tenterons dans un second volet (Fil Santé # 9) de comprendre les raisons de son succès mais aussi ses limites.
La notion de compétences psychosociales (CPS) est aujourd’hui devenue omniprésente dans les textes et pratiques relevant du domaine des éducations en santé (éducation pour la santé et éducation thérapeutique) et plus largement dans le champ de la promotion de la santé. La récente et officielle Stratégie Nationale de Santé y fait elle-même référence à propos des stratégies de prévention des conduites addictives des jeunes et de la prévention des conduites dangereuses sur la route. Le « succès » de cette notion a de quoi questionner. Avec toutes les difficultés de visibilité concernant les pratiques éducatives de terrain, par manque d’évaluation tout comme de publication, nous tentons ici de tracer les contours et de définir les contenus de cette notion. Dans un deuxième temps, il s’agira d’esquisser les lignes d’une réflexion critique sur la place centrale qu’occupent les CPS dans les politiques et pratiques de santé.
Comment les CPS sont-elles apparues dans les textes traitant de promotion de la santé ?
L’histoire et la compréhension des dynamiques d’appropriation d’une notion ou d’un concept demande un travail de recherche socio-historique en profondeur. Celui sur les CPS débute tout juste avec des travaux de sociologie ou d’histoire qui commencent à jeter des ponts entre eux[1]. Nul doute que les retours d’expériences des acteurs de terrain y contribueront aussi. Voici quelques-unes des étapes qui semblent avoir comptées dans cette histoire encore peu explorée.
Formalisée en 1986 sous l’égide de l’OMS, la charte d’Ottawa identifie cinq axes stratégiques d’interventions en faveur d’une politique de santé efficace : une politique publique saine, la création d’environnements favorables à la santé des populations, la réorientation des services de soin, le développement des aptitudes individuelles et l’implication des populations. C’est sur ces deux derniers axes que se positionnent les éducations en santé en tant que stratégies préventives, avec comme finalité de « donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé », cette maîtrise individuelle et collective étant mise en avant comme un facteur déterminant de santé.
Source : La Santé à voix haute