Troubles des comportements alimentaires
Qu’est-ce que c’est ?
Les troubles des comportements alimentaires (TCA) regroupent 3 pathologies :
– L’anorexie mentale
– La boulimie
– L’hyperphagie
Ces troubles représentent ceux ayant le taux de mortalité le plus élevé chez les adolescents (dans tous les troubles psychopathologiques).
Ils sont généralement associés à des troubles dépressifs et anxieux. Et pas que chez les patients ; ils sont aussi élevés chez leurs proches.
D’où ça vient ?
Il faut différencier plusieurs facteurs.
Les facteurs contextuels
Le culte de la minceur et de la beauté. Les jeunes vont rechercher des stratégies pour atteindre cet idéal.
Le culte de la performance (maximale, et non pas optimale), ce qui peut provoquer de l’hypercontrôle chez certains, pour atteindre la performance.
Le culte du bien-être, « être tout le temps au top », comme si les émotions négatives ne sont pas « bien », il faut s’en débarrasser. Cela peut amener à des consommations de substances psychoactives et/ou de nourriture.
Les facteurs développementaux
L’adolescence et la puberté (modifications physiques et physiologiques) représentent un moment de vie où l’on se questionne sur ce que l’on va faire avec ce corps qui change, où l’on essaye de se maitriser (ou pas du tout), d’être autonome. Cela peut créer de l’angoisse chez certains.
Chez les filles, la puberté provoque l’apparition de la masse adipeuse, qui entraine une chute de l’estime de soi : elles cherchent donc à faire disparaitre tout ça. En revanche, chez les garçons, c’est plutôt de la masse musculaire qui se développe (ce qui est valorisée dans notre société).
Les facteurs individuels
Internalisation de l’idéal de minceur (baisse de l’estime de soi, car idéal à atteindre)
Régulation des émotions inadaptée : il faudrait d’abord savoir identifier, puis comprendre puis exprimer ses émotions. Il faut savoir quoi en faire !
Difficultés dans les interactions sociales
Histoire de vie : il peut y avoir des liens avec des traumatismes sexuels (TCA parce qu’il faut purifier son corps et faire disparaitre les formes qui peuvent attirer les hommes).
Biais cognitifs :
Plus elle maigrit, plus elle a l’impression qu’elle est grosse (on appelle cela la « dysmorphophobie« )
N’entend rien au niveau du corps, c’est un dialogue de sourd : il est donc nécessaire de réorienter le dialogue sur autre chose
Fusion pensée/forme : c’est quand on croit que juste le fait de penser à de la nourriture nous fait grossir.
LE SOIN
Aujourd’hui, il existe 4 types d’intervention :
La dissonance cognitive : générer des arguments pour diminuer l’internalisation de l’idéal de minceur
Des ateliers pour développer de la flexibilité cognitive : pour amener à des changements d’attitudes
Les Thérapies ACT : apprendre à aller au contact des émotions négatives et les accepter, ne pas lutter contre, les accueillir. C’est une réorientation de l’attention. On identifie aussi ce qui est important.
La pleine conscience : accueillir ce qui survient à l’intérieur et à l’extérieur de soi. Cela permet de mieux percevoir les sensations, et de ne pas surréagir mais d’observer ses pensées avec curiosité et bienveillance.
Des chiffres
Les TCA touchent environ 15% des jeunes (filles prioritairement). Or, seulement 20% ont recours aux soins, souvent parce qu’il y a beaucoup de honte et que c’est caché.
45% des adolescentes sautent des repas, ce qui est contre-productif.
75% des adolescentes ont une insatisfaction corporelle
A 12 ans, déjà 50% des filles ont essayé un régime ; cela monte à 80% chez les adolescentes.
Source :
Shankland, R. (2009). Les troubles du comportement alimentaire. Paris : Dunod.
Une conférence de R. Shankland sur le sujet : Quand manger devient un problème.